Les migrations, un sujet éminemment politique qui divise l'Union européenne
Dans la nuit du 14 au 15 septembre 2024 huit migrants1 ont trouvé la mort en tentant de rejoindre l'Angleterre depuis le nord de la France dans une embarcation de fortune. Cette nouvelle tragédie humaine, qui porte à 46 le nombre de personnes décédées en 20242 (et ce uniquement dans la Manche), symbolise les difficultés des États de l’Union européenne (UE) à appréhender ce (ou ces) phénomène(s) migratoire(s). Cette actualité fait écho à la récente décision des autorités allemandes de rétablir les contrôles aux frontières, à partir du 16 septembre 20243, pour une durée de six mois afin de lutter contre l’immigration clandestine.
Avec 874 400 entrées enregistrées en 20214, l’Allemagne reste le pays européen qui accueille le plus de personnes sur son sol, suivie par l’Espagne (528 900) et la France (336 400) pour la même année. La décision allemande est lourde de conséquence. Elle nous invite à une réflexion sur la nature des flux migratoires ainsi que sur les instruments déployés par l’Union européenne en la matière.
Cet article entend étudier différents aspects relatifs aux flux migratoires qui convergent vers l'Union européenne pour la période 2015 à 2024. Nous observerons d’abord les principales routes empruntées par les personnes qui tentent de rejoindre l’UE, puis de situer les points de transit et camps de réfugiés. Ensuite, nous verrons les points de blocage et de tension aux frontières sud/est de l’Union.
Ces tensions se traduisent souvent par la construction de barrières physiques pour empêcher le franchissement de ces frontières : de ces politiques sécuritaires découle une évolution permanente des routes migratoires.
Enfin, s’agissant d’une problématique internationale, la question migratoire est éminemment politique et géopolitique. Elle peut faire l’objet d’une instrumentalisation par certains États, qui, à des degrés divers, s’en servent comme d’un levier diplomatique pour faire pression sur l’Union européenne. Nous tenterons de décrypter les enjeux sous-jacents derrière ces rapports de force.
Cet article entend étudier différents aspects relatifs aux flux migratoires qui convergent vers l'Union européenne pour la période 2015 à 2024. Nous observerons d’abord les principales routes empruntées par les personnes qui tentent de rejoindre l’UE, puis de situer les points de transit et camps de réfugiés. Ensuite, nous verrons les points de blocage et de tension aux frontières sud/est de l’Union.
Ces tensions se traduisent souvent par la construction de barrières physiques pour empêcher le franchissement de ces frontières : de ces politiques sécuritaires découle une évolution permanente des routes migratoires.
Enfin, s’agissant d’une problématique internationale, la question migratoire est éminemment politique et géopolitique. Elle peut faire l’objet d’une instrumentalisation par certains États, qui, à des degrés divers, s’en servent comme d’un levier diplomatique pour faire pression sur l’Union européenne. Nous tenterons de décrypter les enjeux sous-jacents derrière ces rapports de force.
La crise migratoire de 2015, point de départ d’une remise en cause des mécanismes juridiques de l’Union européenne sur les migrations
Dans la continuité des Printemps arabes et dans un contexte d'intensification du conflit syrien, l’année 2015 est marquée par une vague migratoire inédite. D’après l’organisation internationale des migrations (OIM), plus d’un million5 de migrants irréguliers et de réfugiés sont arrivés en Europe en 2015, principalement de Syrie, d’Afrique et d’Asie du Sud. Cet afflux de personnes sans précédent exerce rapidement une pression énorme sur les systèmes d'asile et d'accueil de nombreux États membres de l'UE, en particulier en Grèce (820 000 personnes), en Italie (150 000 personnes), qui constituent alors les principaux points d’entrée.
Cette crise met en lumière l'incapacité des États membres à gérer efficacement un afflux massif de personnes sous le régime juridique alors en vigueur et reposant en partie sur le système de Dublin. Un régime qui oblige le pays d’entrée à traiter les demandes d’asile. Cette crise met aussi en évidence les inégalités de charge entre les pays européens situés en première ligne et les autres. De leur propre aveu, les membres de la Commission européenne estiment que le système de Dublin n’a pas été conçu pour assurer un partage “durable” des responsabilités liées au droit d’asile et qu’il n’est “pas viable” lors de périodes de crise comme celle survenue à l’été 2015.
Face à la crise, les gouvernements nationaux parviennent à s’accorder en septembre 2015 sur une répartition des demandes d’asile par quotas afin de soulager les pays du sud de l'Europe. Rapidement critiquée, cette tentative de répartition n’est que très peu appliquée dans les faits. Au terme du programme de relocalisation de 120 000 demandeurs d’asiles prévu sur deux ans, 31 000 sont effectivement pris en charge, soit à peine plus d’un quart des effectifs. Quant à leur répartition, le quinzième rapport sur la relocalisation et la réinstallation6 publié le 6 septembre 2017 par la Commission européenne montre que “les pays d’Europe centrale qui s’y étaient opposés, Hongrie et Pologne en tête, [qui] n’ont accueilli aucun migrant en provenance de Grèce ou d’Italie”.
Une proposition de réforme, “Dublin IV”, est avancée par la Commission européenne en avril 2016. Il faudra finalement attendre le 23 septembre 2020 pour que cette dernière dévoile un “paquet sur la migration et l’asile”7, qui prévoit le renforcement de la lutte contre l’immigration illégale, ainsi que dix textes législatifs viant à appliquer un principe de solidarité effectif entre États membres en cas d’afflux migratoires.
Votée le 10 avril 2024 par le Parlement européen, la proposition prévoit une relocalisation de 30 000 demandeurs d’asile par an depuis les pays de première ligne vers les pays les moins exposés. Dans le cas contraire, ces derniers doivent aider l’État “sous pression” à accueillir ces demandeurs d’asile à travers d’autres types de soutien, comme une contribution financière, la construction de centres d’accueil ou encore l’aide au retour. Les États qui n’appliquent pas cette solidarité devant verser une compensation fixée à 20 000 euros par personne.
Enfin, le projet prévoit un volet crise, avec la mise en œuvre de règles spécifiques en cas d’afflux, de risque d’afflux de migrants irréguliers ou d’instrumentalisation de vagues migratoires par un pays ou un acteur tiers. Nous reviendrons sur ce dernier aspect par la suite.
L’impact réel de cette réforme est à nuancer. L’ajout de certaines exceptions permet aujourd’hui de déroger au principe du traitement de la demande d’asile par le premier pays d’arrivée, notamment la présence d’un membre de sa famille dans un autre État membre, ou l’ajout de nouveaux critères, tels que l’intérêt de l’enfant, les diplômes, les relations significatives avec le pays et les connaissances linguistiques du demandeur. Les cas de regroupement familial seront par exemple traités en priorité et les liens familiaux identifiés rapidement.
Toutefois, contrairement aux attentes d’une révision complète du système de répartition des responsabilités en matière d’asile, les critères de détermination de l’État responsable restent pratiquement inchangés. Pour une grande partie des demandeurs d’asile, ce Pacte migratoire définitivement adopté le 14 mai 20248, ne semble pas remettre fondamentalement en cause la règle générale de Dublin : leur demande doit toujours être traitée par le pays qui a enregistré leur arrivée sur le sol européen.
En outre, le budget européen dédié à la gestion des migrations, et dont une importante part est consacrée à la protection des frontières de l’espace européen (filtrage, centre de rétention), a été augmenté en février 2024 de près de 2 milliards d’euros sur la période 2021-2027.
Sous réserve d’une adoption du Pacte par le Conseil de l’Union européenne, l’essentiel de ses règles s’appliqueront courant 2026.
Cette crise met en lumière l'incapacité des États membres à gérer efficacement un afflux massif de personnes sous le régime juridique alors en vigueur et reposant en partie sur le système de Dublin. Un régime qui oblige le pays d’entrée à traiter les demandes d’asile. Cette crise met aussi en évidence les inégalités de charge entre les pays européens situés en première ligne et les autres. De leur propre aveu, les membres de la Commission européenne estiment que le système de Dublin n’a pas été conçu pour assurer un partage “durable” des responsabilités liées au droit d’asile et qu’il n’est “pas viable” lors de périodes de crise comme celle survenue à l’été 2015.
Face à la crise, les gouvernements nationaux parviennent à s’accorder en septembre 2015 sur une répartition des demandes d’asile par quotas afin de soulager les pays du sud de l'Europe. Rapidement critiquée, cette tentative de répartition n’est que très peu appliquée dans les faits. Au terme du programme de relocalisation de 120 000 demandeurs d’asiles prévu sur deux ans, 31 000 sont effectivement pris en charge, soit à peine plus d’un quart des effectifs. Quant à leur répartition, le quinzième rapport sur la relocalisation et la réinstallation6 publié le 6 septembre 2017 par la Commission européenne montre que “les pays d’Europe centrale qui s’y étaient opposés, Hongrie et Pologne en tête, [qui] n’ont accueilli aucun migrant en provenance de Grèce ou d’Italie”.
Une proposition de réforme, “Dublin IV”, est avancée par la Commission européenne en avril 2016. Il faudra finalement attendre le 23 septembre 2020 pour que cette dernière dévoile un “paquet sur la migration et l’asile”7, qui prévoit le renforcement de la lutte contre l’immigration illégale, ainsi que dix textes législatifs viant à appliquer un principe de solidarité effectif entre États membres en cas d’afflux migratoires.
Votée le 10 avril 2024 par le Parlement européen, la proposition prévoit une relocalisation de 30 000 demandeurs d’asile par an depuis les pays de première ligne vers les pays les moins exposés. Dans le cas contraire, ces derniers doivent aider l’État “sous pression” à accueillir ces demandeurs d’asile à travers d’autres types de soutien, comme une contribution financière, la construction de centres d’accueil ou encore l’aide au retour. Les États qui n’appliquent pas cette solidarité devant verser une compensation fixée à 20 000 euros par personne.
Enfin, le projet prévoit un volet crise, avec la mise en œuvre de règles spécifiques en cas d’afflux, de risque d’afflux de migrants irréguliers ou d’instrumentalisation de vagues migratoires par un pays ou un acteur tiers. Nous reviendrons sur ce dernier aspect par la suite.
L’impact réel de cette réforme est à nuancer. L’ajout de certaines exceptions permet aujourd’hui de déroger au principe du traitement de la demande d’asile par le premier pays d’arrivée, notamment la présence d’un membre de sa famille dans un autre État membre, ou l’ajout de nouveaux critères, tels que l’intérêt de l’enfant, les diplômes, les relations significatives avec le pays et les connaissances linguistiques du demandeur. Les cas de regroupement familial seront par exemple traités en priorité et les liens familiaux identifiés rapidement.
Toutefois, contrairement aux attentes d’une révision complète du système de répartition des responsabilités en matière d’asile, les critères de détermination de l’État responsable restent pratiquement inchangés. Pour une grande partie des demandeurs d’asile, ce Pacte migratoire définitivement adopté le 14 mai 20248, ne semble pas remettre fondamentalement en cause la règle générale de Dublin : leur demande doit toujours être traitée par le pays qui a enregistré leur arrivée sur le sol européen.
En outre, le budget européen dédié à la gestion des migrations, et dont une importante part est consacrée à la protection des frontières de l’espace européen (filtrage, centre de rétention), a été augmenté en février 2024 de près de 2 milliards d’euros sur la période 2021-2027.
Sous réserve d’une adoption du Pacte par le Conseil de l’Union européenne, l’essentiel de ses règles s’appliqueront courant 2026.
Trois itinéraires principaux avec des dynamiques migratoires qui varient selon les évolutions législatives et politiques dans les pays d'Europe du sud
En 2024, les principaux itinéraires continuent d’évoluer en lien avec les dynamiques internes (politiques, économiques et sécuritaires) des pays d’origine, de transit et d’arrivée. La majorité des traversées à destination de l’UE depuis l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique du Nord ou l’Asie mineure se font par voie maritime.
Selon les données récentes du Conseil de l’Union Européenne, il existe trois routes principales9. La route méditerranéenne centrale, qui concerne les départs depuis la Tunisie, la Libye, l’Algérie et dont les arrivées s’effectuent principalement en Sicile et dans le sud de l’Italie. Cette route fut la plus empruntée en 2023 avec 158 000 arrivées sur un total de 276 000 arrivées en comptabilisant l’ensemble des routes maritimes. A titre de comparaison, lors de la crise de 2015, une personne sur dix empruntait cet itinéraire, contre plus d’une sur deux en 2023. (cf. Infographie source en n.b.p n°9)
La seconde route, est la route orientale, avec des départs depuis les côtes turques, et dans une moindre mesure, depuis le Liban et la Syrie. Ici les migrants cherchent principalement à atteindre la Grèce et ses îles en mer Egée telles que Lesbos et Samos, et parfois les Balkans via la macédoine du Nord frontalière de la Grèce pour ensuite pénétrer en Europe centrale ou du Nord. La troisième route méditerranéenne est la route dite occidentale. Les côtes marocaines, en particulier autour des villes de Nador et Al Hoceima, sont des points de départ majeurs pour les traversées vers l’Espagne. Les enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta du fait de leur position géographique stratégique et de la présence d’une frontière terrestre directe avec l’UE constituent un point de tension majeur. Des migrants tentent régulièrement de franchir les clôtures de haute sécurité délimitant le périmètre des deux enclaves.
L’année 2023 a été marquée par une recrudescence du nombre de migrants à destination de l’UE et notamment par ces trois routes. C’est la première fois depuis la crise migratoire de 2015-2016 que la barre des 200 000 (276 000 exactement) arrivées irrégulières enregistrées est franchie. Au plus faible du nombre d’arrivée, en 2019, l’agence Frontex faisait État de 120 000 arrivées10.
En plus de ces routes maritimes, il existe une autre voie, “la route des Balkans occidentaux”11. En effet, cette route terrestre constitue une alternatives aux traversées périlleuses en méditerranée. Elle débute en Turquie, continue en Grèce avant que les migrants ne s'orientent vers la Macédoine du Nord. En remontant par les Balkans (Serbie, Bosnie-Herzégovine), ils se dirigent ensuite vers les frontières directes de l’Union européenne, en essayant d'atteindre l'Autriche, la Hongrie ou l’Allemagne. L’agence Frontex établit que le nombre de personnes empruntant cette voie a baissé de 30% depuis 2021 même si le flux de personnes reste élevé.
Enfin, dans un contexte de renforcement de la protection aux frontières et de sécurisation accrue, on assiste à une recomposition continue des itinéraires empruntés par les personnes qui cherchent à rejoindre l’Europe.
Ainsi, les principaux itinéraires évoqués, bien que plus difficiles à emprunter, restent actifs, avec des migrants et des passeurs qui cherchent des itinéraires alternatifs pour contourner les barrières physiques et les contrôles frontaliers.
La route au départ de l'Afrique de l'Ouest en direction des îles Canaries, qui fait partie de la route méditerranéenne occidentale, est en plein regain d’activité en 2024. Cette route part principalement des côtes de Mauritanie, du Sénégal, du Maroc (proche du Sahara occidental), et parfois de Gambie ou de Guinée-Bissau. Des embarcations souvent rudimentaires sont utilisées (pirogues ou petits bateaux) pour tenter de rejoindre les îles Canaries, une porte d’entrée directe vers l’UE.
Selon les données récentes du Conseil de l’Union Européenne, il existe trois routes principales9. La route méditerranéenne centrale, qui concerne les départs depuis la Tunisie, la Libye, l’Algérie et dont les arrivées s’effectuent principalement en Sicile et dans le sud de l’Italie. Cette route fut la plus empruntée en 2023 avec 158 000 arrivées sur un total de 276 000 arrivées en comptabilisant l’ensemble des routes maritimes. A titre de comparaison, lors de la crise de 2015, une personne sur dix empruntait cet itinéraire, contre plus d’une sur deux en 2023. (cf. Infographie source en n.b.p n°9)
La seconde route, est la route orientale, avec des départs depuis les côtes turques, et dans une moindre mesure, depuis le Liban et la Syrie. Ici les migrants cherchent principalement à atteindre la Grèce et ses îles en mer Egée telles que Lesbos et Samos, et parfois les Balkans via la macédoine du Nord frontalière de la Grèce pour ensuite pénétrer en Europe centrale ou du Nord. La troisième route méditerranéenne est la route dite occidentale. Les côtes marocaines, en particulier autour des villes de Nador et Al Hoceima, sont des points de départ majeurs pour les traversées vers l’Espagne. Les enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta du fait de leur position géographique stratégique et de la présence d’une frontière terrestre directe avec l’UE constituent un point de tension majeur. Des migrants tentent régulièrement de franchir les clôtures de haute sécurité délimitant le périmètre des deux enclaves.
L’année 2023 a été marquée par une recrudescence du nombre de migrants à destination de l’UE et notamment par ces trois routes. C’est la première fois depuis la crise migratoire de 2015-2016 que la barre des 200 000 (276 000 exactement) arrivées irrégulières enregistrées est franchie. Au plus faible du nombre d’arrivée, en 2019, l’agence Frontex faisait État de 120 000 arrivées10.
En plus de ces routes maritimes, il existe une autre voie, “la route des Balkans occidentaux”11. En effet, cette route terrestre constitue une alternatives aux traversées périlleuses en méditerranée. Elle débute en Turquie, continue en Grèce avant que les migrants ne s'orientent vers la Macédoine du Nord. En remontant par les Balkans (Serbie, Bosnie-Herzégovine), ils se dirigent ensuite vers les frontières directes de l’Union européenne, en essayant d'atteindre l'Autriche, la Hongrie ou l’Allemagne. L’agence Frontex établit que le nombre de personnes empruntant cette voie a baissé de 30% depuis 2021 même si le flux de personnes reste élevé.
Enfin, dans un contexte de renforcement de la protection aux frontières et de sécurisation accrue, on assiste à une recomposition continue des itinéraires empruntés par les personnes qui cherchent à rejoindre l’Europe.
Ainsi, les principaux itinéraires évoqués, bien que plus difficiles à emprunter, restent actifs, avec des migrants et des passeurs qui cherchent des itinéraires alternatifs pour contourner les barrières physiques et les contrôles frontaliers.
La route au départ de l'Afrique de l'Ouest en direction des îles Canaries, qui fait partie de la route méditerranéenne occidentale, est en plein regain d’activité en 2024. Cette route part principalement des côtes de Mauritanie, du Sénégal, du Maroc (proche du Sahara occidental), et parfois de Gambie ou de Guinée-Bissau. Des embarcations souvent rudimentaires sont utilisées (pirogues ou petits bateaux) pour tenter de rejoindre les îles Canaries, une porte d’entrée directe vers l’UE.
Quelques points de transit qui concentrent la pression migratoire sur les États périphériques de la Méditerranée
Les lieux et points de transit constituent des étapes importantes dans le parcours des personnes déplacées. Ces points deviennent souvent des lieux de longue attente, de précarité et d’incertitude, mettant en lumière les limites du système d’asile européen.
Les premiers points de transit se situent logiquement dans les pays en première ligne et dans les zones géographiques situés aux frontières extérieures de l’Union européenne.
Ainsi, on recense une dizaine de lieux et villes de transit aux frontières sur de l’UE :
L’évolution des conditions d’accès à certains territoires influent sur les routes empruntées par les personnes tentant de rejoindre l’UE. Ainsi, certains points de transit comme les îles espagnoles des Canaries (principalement Gran Canaria, Tenerife, Fuerteventura y Lanzarote) enregistrent une affluence croissante, notamment depuis le début de l’année 2024.
Ces zones sont marquées par des situations complexes et souvent tendues. Une importante pression pèse sur les États qui sont directement concernés par ces arrivées discontinues. La saturation dans certaines zones engendre une situation humanitaire dégradée, avec des conditions de vie très précaires pour les personnes sur place. Les autorités et les ONG se retrouvent débordées et ne parviennent pas à absorber le flux de personnes face à la durée des procédures d’asile.
In fine, ces situations créent des tensions politiques entre les États avec de fortes inégalités de situation. La question migratoire représente un véritable enjeu électoral au sein de chaque État membre. Un récent sondage mené par Ipsos auprès de près de 26 000 personnes dans 18 États membres avant les élections au Parlement européen, qui se sont tenues le 6 et le 9 juin 2024, indique que 51% des Européens ont une évaluation négative de l'impact de l'Union européenne sur la politique migratoire12.
Dans ce contexte, certains États situés sur les routes migratoires ou aux frontières de l'UE utilisent les flux migratoires comme un levier de négociation avec l'Europe, tirant profit de la crainte des pays - et des citoyens - européens face à de nouvelles vagues migratoires.
Les premiers points de transit se situent logiquement dans les pays en première ligne et dans les zones géographiques situés aux frontières extérieures de l’Union européenne.
Ainsi, on recense une dizaine de lieux et villes de transit aux frontières sur de l’UE :
- Sur l’itinéraire oriental, il s’agit principalement des îles grecques telles que Lesbos, Chios, Samos, ou dans ville d’Evros à la frontière gréco-turque.
- Sur l’itinéraire central, il s’agit des côtes italiennes avec des arrivées importantes recensées sur les îles de Lampedusa, Linosa et Pantelleria, de la Sicile, dans les ports de Catane et Pozzallo, ainsi que sur l’île de Malte.
- Sur l’itinéraire occidental, nous l’avons vu, il s’agit des deux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, mais également des villes andalouses d’Almeria et de Malaga.
L’évolution des conditions d’accès à certains territoires influent sur les routes empruntées par les personnes tentant de rejoindre l’UE. Ainsi, certains points de transit comme les îles espagnoles des Canaries (principalement Gran Canaria, Tenerife, Fuerteventura y Lanzarote) enregistrent une affluence croissante, notamment depuis le début de l’année 2024.
Ces zones sont marquées par des situations complexes et souvent tendues. Une importante pression pèse sur les États qui sont directement concernés par ces arrivées discontinues. La saturation dans certaines zones engendre une situation humanitaire dégradée, avec des conditions de vie très précaires pour les personnes sur place. Les autorités et les ONG se retrouvent débordées et ne parviennent pas à absorber le flux de personnes face à la durée des procédures d’asile.
In fine, ces situations créent des tensions politiques entre les États avec de fortes inégalités de situation. La question migratoire représente un véritable enjeu électoral au sein de chaque État membre. Un récent sondage mené par Ipsos auprès de près de 26 000 personnes dans 18 États membres avant les élections au Parlement européen, qui se sont tenues le 6 et le 9 juin 2024, indique que 51% des Européens ont une évaluation négative de l'impact de l'Union européenne sur la politique migratoire12.
Dans ce contexte, certains États situés sur les routes migratoires ou aux frontières de l'UE utilisent les flux migratoires comme un levier de négociation avec l'Europe, tirant profit de la crainte des pays - et des citoyens - européens face à de nouvelles vagues migratoires.
La question migratoire comme levier géopolitique et levier diplomatique
La Turquie, située au carrefour de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe occupe une position stratégique singulière. Elle représente l’un des principaux points de passage de la route des migrations orientales, pour les personnes qui cherchent ensuite à atteindre les îles grecques ou l’europe centrale via la péninsule balkanique. Le pays est à ce jour celui qui abrite le plus de réfugiés13 à l’échelle mondiale, avec un total de 3,4 millions de personnes en juin 2023 sur une population nationale de 85 millions d’individus.
Le président Turc Recep Tayyip Erdoğan utilise cette situation pour exercer une pression politique et obtenir des concessions de l'UE. Ainsi, en 2016, et en réponse à la crise migratoire de l’année précédente, un pacte migratoire UE-Turquie14 est signé, afin de lutter contre « les routes de migration irrégulières”. Cet accord discutable prévoit le renvoi vers la Turquie de tous les migrants entrés en Grèce et dont la demande d’asile a été refusée15. En contrepartie, la Turquie obtient de l’Union européenne deux tranches de trois milliards d’euros destinés à la gestion des réfugiés sur le sol turc.
A plusieurs reprises, la Turquie a utilisé cet accord migratoire comme un levier politique dans ses relations avec l’UE. En 2017, suite au refus des Pays-Bas d’autoriser deux ministres turcs de participer à des meetings en soutien de la diaspora à Erdoğan, le ministre turc des Affaires européennes avait évoqué la possibilité de “réexaminer l’accord”. En 2019, son homologue des affaires étrangères brandit de nouveau la menace d’une suspension de l’accord, réclamant une application immédiate de l’exemption de visa dont devaient faire l’objet les citoyens turcs à leur entrée sur le sol européen. (l’une des clauses de l’accord de 2016).
En 2020, Ankara décide d'ouvrir temporairement ses frontières avec la Grèce, permettant à des milliers (15000) de migrants de se diriger vers la frontière gréco-turque. En réponse à certaines tensions avec l'UE, le président turc cherche à rappeler qu’il est capable d’influer sur le volume des flux migratoires vers l'Europe si ces intérêts ne sont pas suffisamment pris en compte.
Ce nouvel épisode diplomatique s’inscrit dans le cadre d’une relation conflictuelle entre la Grèce et la Turquie, notamment au sujet des revendications territoriales de chaque État.
Ankara crée une tension permanente à la frontière gréco-turque, exacerbant les crises humanitaires sur les îles grecques et influençant les relations diplomatiques entre la Grèce et ses partenaires européens. La Turquie utilise la question migratoire comme un levier politique et diplomatique, non seulement pour obtenir des aides financières et des concessions, mais aussi pour affirmer son poids régional. Malgré tout, l’accord de 2016 est renouvelé en 2021, marquant une étape déterminante pour les relations turco-européennes.
Le Maroc joue également un rôle central dans la gestion des flux migratoires vers l’Espagne sur le chemin de la “route occidentale”. Il dispose d’une capacité de pression, notamment via les enclaves de Ceuta et Melilla. Le pays utilise cette situation comme un levier diplomatico-politique pour obtenir un soutien économique ou des concessions sur des sujets sensibles, comme le Sahara occidental. A titre d’exemple, en juin 2021 le Maroc relâche temporairement son contrôle, permettant à une dizaine de millier de migrants d'entrer dans les enclaves espagnoles, rappelant sa capacité à influencer les flux migratoires16. En mars 2022, l'Espagne sort de sa neutralité et reconnaît (de manière non officielle) la souveraineté du Maroc dans le conflit historique du Sahara occidental17. Cet événement constitue une victoire majeure pour la diplomatie marocaine, et à contrario, une importante défaite pour Alger. La question migratoire qui avait gelé jusqu’alors les relations entre Madrid et Rabat aura raison de la position traditionnelle espagnole sur le sujet.
La Libye fait également figure d’État clé. Le chaos politique que traverse le pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi a transformé le pays en une plaque tournante des migrations vers l'Europe. Un rapport de février 2022, réalisé par la commission européenne sur le fond fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique18, établit le montant de l’aide de l’UE à la Libye à 700 millions d’euros dans le cadre de divers instruments de financement depuis 2015. Un financement qui sert pour partie à ce que le pays empêche les migrants d’arriver jusqu’en Europe, bien souvent au mépris des droits fondamentaux de certains migrants. Cette face cachée de la politique migratoire de l’UE interroge, notamment compte tenu des conditions de rétention, voire de détention, de nombreux migrants dans le pays. Il est aujourd’hui avéré qu’une multitude de camps de ce genre existent dans les pays hors de l’UE mais également dans certains pays européens, notamment en Italie, en Bulgarie ou encore en Biélorussie. Cette question, particulièrement complexe, mérite une étude approfondie et ne sera pas développée ici, mais ne doit pas être passée sous silence de par son importance dans la stratégie de l’UE et des questions éthiques qu’elle soulève.
Enfin, en 2021, le président biélorusse s’appuie lui aussi sur ce levier pour faire pression sur l’Union européenne. Alexandre Loukachenko met en place tout un système incitant aux migrations vers son pays. Les candidats à l'exil passent alors par des agences de voyages ou des ambassades biélorusses via lesquelles ils obtiennent des visas de tourisme pour la Biélorussie. Dès lors, depuis Beyrouth, Damas ou Istanbul, ils prennent un vol direct, affrété par la compagnie biélorusse Belavia. Une fois sur le sol biélorusse, les nouveaux arrivants sont acheminés à la frontière, et (très) fortement incités à passer la frontière polonaise. Le président biélorusse cherche alors à manifester son mécontentement vis-à -vis des sanctions occidentales adoptées envers son pays pour dénoncer sa politique de répression de l’opposition depuis l’élection présidentielle de 2020 : il s’agit ici encore d’un nouvel exemple d’instrumentalisation de la question migratoire19.
Le président Turc Recep Tayyip Erdoğan utilise cette situation pour exercer une pression politique et obtenir des concessions de l'UE. Ainsi, en 2016, et en réponse à la crise migratoire de l’année précédente, un pacte migratoire UE-Turquie14 est signé, afin de lutter contre « les routes de migration irrégulières”. Cet accord discutable prévoit le renvoi vers la Turquie de tous les migrants entrés en Grèce et dont la demande d’asile a été refusée15. En contrepartie, la Turquie obtient de l’Union européenne deux tranches de trois milliards d’euros destinés à la gestion des réfugiés sur le sol turc.
A plusieurs reprises, la Turquie a utilisé cet accord migratoire comme un levier politique dans ses relations avec l’UE. En 2017, suite au refus des Pays-Bas d’autoriser deux ministres turcs de participer à des meetings en soutien de la diaspora à Erdoğan, le ministre turc des Affaires européennes avait évoqué la possibilité de “réexaminer l’accord”. En 2019, son homologue des affaires étrangères brandit de nouveau la menace d’une suspension de l’accord, réclamant une application immédiate de l’exemption de visa dont devaient faire l’objet les citoyens turcs à leur entrée sur le sol européen. (l’une des clauses de l’accord de 2016).
En 2020, Ankara décide d'ouvrir temporairement ses frontières avec la Grèce, permettant à des milliers (15000) de migrants de se diriger vers la frontière gréco-turque. En réponse à certaines tensions avec l'UE, le président turc cherche à rappeler qu’il est capable d’influer sur le volume des flux migratoires vers l'Europe si ces intérêts ne sont pas suffisamment pris en compte.
Ce nouvel épisode diplomatique s’inscrit dans le cadre d’une relation conflictuelle entre la Grèce et la Turquie, notamment au sujet des revendications territoriales de chaque État.
Ankara crée une tension permanente à la frontière gréco-turque, exacerbant les crises humanitaires sur les îles grecques et influençant les relations diplomatiques entre la Grèce et ses partenaires européens. La Turquie utilise la question migratoire comme un levier politique et diplomatique, non seulement pour obtenir des aides financières et des concessions, mais aussi pour affirmer son poids régional. Malgré tout, l’accord de 2016 est renouvelé en 2021, marquant une étape déterminante pour les relations turco-européennes.
Le Maroc joue également un rôle central dans la gestion des flux migratoires vers l’Espagne sur le chemin de la “route occidentale”. Il dispose d’une capacité de pression, notamment via les enclaves de Ceuta et Melilla. Le pays utilise cette situation comme un levier diplomatico-politique pour obtenir un soutien économique ou des concessions sur des sujets sensibles, comme le Sahara occidental. A titre d’exemple, en juin 2021 le Maroc relâche temporairement son contrôle, permettant à une dizaine de millier de migrants d'entrer dans les enclaves espagnoles, rappelant sa capacité à influencer les flux migratoires16. En mars 2022, l'Espagne sort de sa neutralité et reconnaît (de manière non officielle) la souveraineté du Maroc dans le conflit historique du Sahara occidental17. Cet événement constitue une victoire majeure pour la diplomatie marocaine, et à contrario, une importante défaite pour Alger. La question migratoire qui avait gelé jusqu’alors les relations entre Madrid et Rabat aura raison de la position traditionnelle espagnole sur le sujet.
La Libye fait également figure d’État clé. Le chaos politique que traverse le pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi a transformé le pays en une plaque tournante des migrations vers l'Europe. Un rapport de février 2022, réalisé par la commission européenne sur le fond fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique18, établit le montant de l’aide de l’UE à la Libye à 700 millions d’euros dans le cadre de divers instruments de financement depuis 2015. Un financement qui sert pour partie à ce que le pays empêche les migrants d’arriver jusqu’en Europe, bien souvent au mépris des droits fondamentaux de certains migrants. Cette face cachée de la politique migratoire de l’UE interroge, notamment compte tenu des conditions de rétention, voire de détention, de nombreux migrants dans le pays. Il est aujourd’hui avéré qu’une multitude de camps de ce genre existent dans les pays hors de l’UE mais également dans certains pays européens, notamment en Italie, en Bulgarie ou encore en Biélorussie. Cette question, particulièrement complexe, mérite une étude approfondie et ne sera pas développée ici, mais ne doit pas être passée sous silence de par son importance dans la stratégie de l’UE et des questions éthiques qu’elle soulève.
Enfin, en 2021, le président biélorusse s’appuie lui aussi sur ce levier pour faire pression sur l’Union européenne. Alexandre Loukachenko met en place tout un système incitant aux migrations vers son pays. Les candidats à l'exil passent alors par des agences de voyages ou des ambassades biélorusses via lesquelles ils obtiennent des visas de tourisme pour la Biélorussie. Dès lors, depuis Beyrouth, Damas ou Istanbul, ils prennent un vol direct, affrété par la compagnie biélorusse Belavia. Une fois sur le sol biélorusse, les nouveaux arrivants sont acheminés à la frontière, et (très) fortement incités à passer la frontière polonaise. Le président biélorusse cherche alors à manifester son mécontentement vis-à -vis des sanctions occidentales adoptées envers son pays pour dénoncer sa politique de répression de l’opposition depuis l’élection présidentielle de 2020 : il s’agit ici encore d’un nouvel exemple d’instrumentalisation de la question migratoire19.
La vie humaine, un lourd bilan
Ces rapports de forces et manœuvres géopolitiques entre États ont une conséquence bien concrète, un coût humain très important.
Rappelons que la traversée de la Méditerranée, ou pour ceux qui empruntent la voie terrestre de la Turquie puis des Balkans, ne constitue qu’une étape dans le parcours périlleux des migrants. D’après la Commission européenne, en 2024, les nationalités qui ont enregistré le plus d'arrivées via la route orientale sont les Bangladais, et via la route centrale les Syriens et les Afghans20. Ainsi, nombreux sont ceux qui arrivent sur les côtes méditerranéennes en ayant déjà effectué plusieurs milliers de kilomètres au péril de leur vie.
Par ailleurs, le nouveau drame qui s’est produit dans la Manche et mentionné en introduction de cet article, interroge quant au nombre total de victimes depuis 2014.
En septembre 2024, les données du projet “Migrants disparus”21, publiées par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) font État de 67 922 migrants disparus dans le monde, dont 30 333 en Méditerranée. Ce constat place la traversée de la Méditerranée comme l’une des étapes les plus meurtrières sur les itinéraires des migrations internationales.
Rappelons que la traversée de la Méditerranée, ou pour ceux qui empruntent la voie terrestre de la Turquie puis des Balkans, ne constitue qu’une étape dans le parcours périlleux des migrants. D’après la Commission européenne, en 2024, les nationalités qui ont enregistré le plus d'arrivées via la route orientale sont les Bangladais, et via la route centrale les Syriens et les Afghans20. Ainsi, nombreux sont ceux qui arrivent sur les côtes méditerranéennes en ayant déjà effectué plusieurs milliers de kilomètres au péril de leur vie.
Par ailleurs, le nouveau drame qui s’est produit dans la Manche et mentionné en introduction de cet article, interroge quant au nombre total de victimes depuis 2014.
En septembre 2024, les données du projet “Migrants disparus”21, publiées par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) font État de 67 922 migrants disparus dans le monde, dont 30 333 en Méditerranée. Ce constat place la traversée de la Méditerranée comme l’une des étapes les plus meurtrières sur les itinéraires des migrations internationales.
Pour conclure...
Force est de constater que l’Europe, et plus particulièrement les pays membres de l’Union Européenne, demeurent une destination importante et attractive pour les migrants. Cependant, cette réalité migratoire doit être re-contextualisée et analysée dans un ensemble plus complexe de paramètres. Il faut notamment prendre en compte le phénomène migratoire intra-régional. Comme le montrent les données (2017) d’Amnesty international, une majorité des personnes quittant leur pays cherchent avant tout à s’installer dans un pays limitrophe22, ou se trouvant dans la région de leur pays d’origine. Ce phénomène se vérifie tant en Afrique de l’Ouest, qu’en Afrique subsaharienne ou en Asie.
A l’échelle globale, les trois pays accueillant le plus de réfugiés sont, en 2024, la Turquie, l’Iran et la Colombie. Le premier pays européen sur cette liste, l'Allemagne, se place en quatrième position. La complexité du phénomène migratoire n’est pas nouvelle et se ressent dans les tensions qu’elle provoque entre les États européens et leurs voisins extérieurs, mais aussi dans d’autres régions du monde.
Face aux conséquences déjà palpables du réchauffement climatique, à l’origine d’une augmentation du nombre de migrants (déplacés, réfugiés, migrants économiques), la pression sur les États va très probablement s’accentuer dans les années à venir. Ce sujet éminemment politique s’imposera vraisemblablement comme l’un des enjeux majeurs dans les relations internationales.
A l’échelle globale, les trois pays accueillant le plus de réfugiés sont, en 2024, la Turquie, l’Iran et la Colombie. Le premier pays européen sur cette liste, l'Allemagne, se place en quatrième position. La complexité du phénomène migratoire n’est pas nouvelle et se ressent dans les tensions qu’elle provoque entre les États européens et leurs voisins extérieurs, mais aussi dans d’autres régions du monde.
Face aux conséquences déjà palpables du réchauffement climatique, à l’origine d’une augmentation du nombre de migrants (déplacés, réfugiés, migrants économiques), la pression sur les États va très probablement s’accentuer dans les années à venir. Ce sujet éminemment politique s’imposera vraisemblablement comme l’un des enjeux majeurs dans les relations internationales.
1 Un migrant est défini par l’UNESCO comme une “personne qui vit de façon temporaire ou permanente dans un pays dans lequel il n’est pas né” et “qui a acquis d’importants liens sociaux avec ce pays”. Dans ce pays, la présence de ce migrant peut être considérée comme légale ou illégale.
2 Le Parisien. (2024, 15 septembre). Plusieurs migrants meurent lors d’une tentative de traversée de la Manche. Le Parisien. https://www.leparisien.fr/faits-divers/plusieurs-migrants-meurent-lors-dune-tentative-de-traversee-de-la-manche-15-09-2024-6REBPVHKM5BLVGBCGPHJHIVLZY.php
3 Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. (2024). Conseils aux voyageurs : Allemagne. Diplomatie.gouv.fr. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/allemagne/
4 Toute l'Europe. (2024). Les migrations en Europe. Toute l'Europe. https://www.touteleurope.eu/societe/les-migrations-en-europe/
5 Organisation internationale pour les migrations. (2015). Le nombre d’arrivées de migrants et de réfugiés en Europe atteint le million en 2015. OIM. https://www.iom.int/fr/news/le-nombre-darrivees-de-migrants-et-de-refugies-en-europe-atteint-le-million-en-2015
6 Commission européenne. (2017). Rapport sur les progrès réalisés dans le cadre de l'Agenda européen en matière de migration. Eur-Lex. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:52017DC0465&from=FI
7 Commission européenne. (2020) Une nouvelle approche en matière de migration: instaurer un climat de confiance et un nouvel équilibre entre responsabilité et solidarité. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_20_1706
8 Toute l'Europe. (2024, 30 mai). Qu’est-ce que le Pacte européen sur la migration et l’asile ? Toute l'Europe. https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/que-contient-le-pacte-europeen-sur-la-migration-et-l-asile/
9 Conseil de l'Union européenne. (2024, 29 août). Infographie : Flux migratoires vers l'Europe. Conseil de l'Union européenne. https://www.consilium.europa.eu/fr/infographics/migration-flows-to-europe/
10 Un peu moins de 100 000 arrivées ont été enregistrées en 2020 (chiffre le plus faible depuis 2015-2016), cependant la lecture de ces chiffres doit être prise en compte dans le contexte de la pandémie de Covid-19.
11L'expression "route des Balkans occidentaux" fait référence aux arrivées irrégulières dans l'UE via la région comprenant l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo*, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Serbie. Consilium Europa. (2024, 31 juillet). Route des Balkans occidentaux.https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/eu-migration-policy/western-balkans-route/#:~:text=L'expression%20%22route%20des%20Balkans,de%20migration%20vers%20l'Europe.
12 Euronews. (2024, 26 mars). La moitié des Européens désapprouvent la politique migratoire de l'UE, selon un sondage. https://fr.euronews.com/my-europe/2024/03/26/la-moitie-des-europeens-desapprouvent-la-politique-migratoire-de-lue-selon-un-sondage
13 La convention de Genève de 1951 définit un réfugié comme “toute personne qui, craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité”. Et “qui ne peut ou ne veut, du fait de cette crainte, se réclamer de la protection de ce pays”. Un demandeur d’asile est une personne qui dit être réfugiée mais qui n’a pas encore obtenu ce statut dans l’État auquel elle réclame l’accueil.
14 Conseil de l'Union européenne. (2016, 18 mars). Déclaration UE-Turquie. https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2016/03/18/eu-turkey-statement/
15 Géoconfluences. (2024, 2 juillet). Pacte migratoire UE-Turquie. https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/pacte-migratoire-ue-turquie
16 Les Echos. (2 juin 2021). Rabat essaie de forcer une reconnaissance par Madrid de ses droits sur le territoire sahraoui, en activant le levier du contrôle migratoire. https://www.lesechos.fr/monde/europe/tensions-entre-lespagne-et-le-maroc-sur-la-question-du-sahara-occidental-1320094
17 Le grand continent. (19 avril 2022.) La reconnaissance par l’Espagne de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental est-elle légitime ? https://legrandcontinent.eu/fr/2022/04/19/la-reconnaissance-par-lespagne-de-la-souverainete-du-maroc-sur-le-sahara-occidental-est-elle-legitime/
18 Commission européenne. (Février 2022). Soutien de l’UE à la Libye en matière de migration. https://neighbourhood-enlargement.ec.europa.eu/document/download/b8ca5d7a-dbcc-46a9-9bd1-481183e62bf7_en
19 Le Monde. (2021, 10 novembre). Pologne-Biélorussie : Quelle est cette crise migratoire à la frontière ? Le Monde. https://www.lemonde.fr/international/article/2021/11/10/pologne-bielorussie-quelle-est-cette-crise-migratoire-a-la-frontiere_6101634_3210.html
20 Conseil de l'Union européenne. (2024, 29 août). Flux migratoires vers l'Europe. https://www.consilium.europa.eu/fr/infographics/migration-flows-to-europe/
21 Organisation internationale pour les migrations. (2024, 18 septembre.). Missing Migrants Project. https://missingmigrants.iom.int/fr
22 Amnesty International. (2017, juin). Les réfugiés en quelques chiffres. https://www.amnesty.fr/actualites/testles-refugies-en-quelques-chiffres
2 Le Parisien. (2024, 15 septembre). Plusieurs migrants meurent lors d’une tentative de traversée de la Manche. Le Parisien. https://www.leparisien.fr/faits-divers/plusieurs-migrants-meurent-lors-dune-tentative-de-traversee-de-la-manche-15-09-2024-6REBPVHKM5BLVGBCGPHJHIVLZY.php
3 Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. (2024). Conseils aux voyageurs : Allemagne. Diplomatie.gouv.fr. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/allemagne/
4 Toute l'Europe. (2024). Les migrations en Europe. Toute l'Europe. https://www.touteleurope.eu/societe/les-migrations-en-europe/
5 Organisation internationale pour les migrations. (2015). Le nombre d’arrivées de migrants et de réfugiés en Europe atteint le million en 2015. OIM. https://www.iom.int/fr/news/le-nombre-darrivees-de-migrants-et-de-refugies-en-europe-atteint-le-million-en-2015
6 Commission européenne. (2017). Rapport sur les progrès réalisés dans le cadre de l'Agenda européen en matière de migration. Eur-Lex. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:52017DC0465&from=FI
7 Commission européenne. (2020) Une nouvelle approche en matière de migration: instaurer un climat de confiance et un nouvel équilibre entre responsabilité et solidarité. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_20_1706
8 Toute l'Europe. (2024, 30 mai). Qu’est-ce que le Pacte européen sur la migration et l’asile ? Toute l'Europe. https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/que-contient-le-pacte-europeen-sur-la-migration-et-l-asile/
9 Conseil de l'Union européenne. (2024, 29 août). Infographie : Flux migratoires vers l'Europe. Conseil de l'Union européenne. https://www.consilium.europa.eu/fr/infographics/migration-flows-to-europe/
10 Un peu moins de 100 000 arrivées ont été enregistrées en 2020 (chiffre le plus faible depuis 2015-2016), cependant la lecture de ces chiffres doit être prise en compte dans le contexte de la pandémie de Covid-19.
11L'expression "route des Balkans occidentaux" fait référence aux arrivées irrégulières dans l'UE via la région comprenant l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo*, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Serbie. Consilium Europa. (2024, 31 juillet). Route des Balkans occidentaux.https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/eu-migration-policy/western-balkans-route/#:~:text=L'expression%20%22route%20des%20Balkans,de%20migration%20vers%20l'Europe.
12 Euronews. (2024, 26 mars). La moitié des Européens désapprouvent la politique migratoire de l'UE, selon un sondage. https://fr.euronews.com/my-europe/2024/03/26/la-moitie-des-europeens-desapprouvent-la-politique-migratoire-de-lue-selon-un-sondage
13 La convention de Genève de 1951 définit un réfugié comme “toute personne qui, craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité”. Et “qui ne peut ou ne veut, du fait de cette crainte, se réclamer de la protection de ce pays”. Un demandeur d’asile est une personne qui dit être réfugiée mais qui n’a pas encore obtenu ce statut dans l’État auquel elle réclame l’accueil.
14 Conseil de l'Union européenne. (2016, 18 mars). Déclaration UE-Turquie. https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2016/03/18/eu-turkey-statement/
15 Géoconfluences. (2024, 2 juillet). Pacte migratoire UE-Turquie. https://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/pacte-migratoire-ue-turquie
16 Les Echos. (2 juin 2021). Rabat essaie de forcer une reconnaissance par Madrid de ses droits sur le territoire sahraoui, en activant le levier du contrôle migratoire. https://www.lesechos.fr/monde/europe/tensions-entre-lespagne-et-le-maroc-sur-la-question-du-sahara-occidental-1320094
17 Le grand continent. (19 avril 2022.) La reconnaissance par l’Espagne de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental est-elle légitime ? https://legrandcontinent.eu/fr/2022/04/19/la-reconnaissance-par-lespagne-de-la-souverainete-du-maroc-sur-le-sahara-occidental-est-elle-legitime/
18 Commission européenne. (Février 2022). Soutien de l’UE à la Libye en matière de migration. https://neighbourhood-enlargement.ec.europa.eu/document/download/b8ca5d7a-dbcc-46a9-9bd1-481183e62bf7_en
19 Le Monde. (2021, 10 novembre). Pologne-Biélorussie : Quelle est cette crise migratoire à la frontière ? Le Monde. https://www.lemonde.fr/international/article/2021/11/10/pologne-bielorussie-quelle-est-cette-crise-migratoire-a-la-frontiere_6101634_3210.html
20 Conseil de l'Union européenne. (2024, 29 août). Flux migratoires vers l'Europe. https://www.consilium.europa.eu/fr/infographics/migration-flows-to-europe/
21 Organisation internationale pour les migrations. (2024, 18 septembre.). Missing Migrants Project. https://missingmigrants.iom.int/fr
22 Amnesty International. (2017, juin). Les réfugiés en quelques chiffres. https://www.amnesty.fr/actualites/testles-refugies-en-quelques-chiffres