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Le changement climatique : 8 cartes pour comprendre les phénomènes extrêmes et leurs conséquences

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Le changement climatique : huit cartes pour comprendre les phénomènes extrêmes et leurs conséquences

Présentation du dossier et avant-propos

Le dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat de juin 2024 (HCC) dresse, sans surprise, un constat inquiétant. En effet, ce dernier établit que le réchauffement planétaire causé par les activités humaines a enregistré un « rythme sans précédent », atteignant +0,26 °C par an, contre +0,18°C de moyenne par décennie observé entre 1970 et 2010. Par rapport à l'ère préindustrielle (1850-1900), sur la décennie 2014-2023, la moyenne des températures a déjà augmenté de 1,19°C. Cela témoigne d'une nette progression par rapport aux chiffres du rapport de 2023, qui portait sur la décennie 2013-2022 (+1,14 °C en moyenne). Des chiffres qui témoignent d’un réchauffement climatique rapide, qui s’aggrave d’une année sur l’autre.

D’après un article des Echos de juin 2024 qui reprend les conclusions du rapport “les émissions de gaz à effet de serre en grande partie à l’origine de ce réchauffement (GES) sont causées majoritairement par l'utilisation massive d'énergies fossiles telles que le pétrole, le gaz et le charbon. Elles se situent à des niveaux record, avec 53 milliards de tonnes d'équivalent CO2 par an en moyenne de 2013 à 2022. Et même de 55 milliards pour la seule année 2022.”

Le 6ème et dernier rapport du GIEC, document de référence en matière climatique, publié le 20 mars 2023 synthétise les connaissances scientifiques acquises entre 2015 et 2021 sur le changement climatique, ses causes, ses impacts et les mesures possibles pour l’atténuer et s’y adapter. Ses auteurs font état de cinq scénarios socio-économiques partagés (SSP, Shared Socioeconomic Pathways) qui explorent les futurs potentiels en fonction des niveaux d'émissions de gaz à effet de serre et des politiques climatiques.

  • Le SSP1-1.9 (Scénario de durabilité) :

C’est le scénario le plus optimiste. Il envisage un avenir où les émissions nettes de carbone atteignent zéro d'ici 2050, ce qui limiterait le réchauffement à environ 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Ici, les sociétés coopèrent pour réduire les inégalités, adoptent des technologies vertes, et développent des énergies renouvelables.

  • Le SSP1-2.6 (Scénario de durabilité modérée) :

Ce scénario est également orienté vers un avenir durable, mais avec des efforts légèrement moins ambitieux. Le réchauffement serait limité à environ 2°C. Les émissions sont réduites progressivement, mais avec une transition plus lente.

  • Le SSP2-4.5 (Scénario de continuité) :

Ce scénario décrit un avenir intermédiaire où les politiques et les tendances économiques actuelles continuent sans changement radical. Les émissions commencent à diminuer progressivement, mais les efforts ne sont pas suffisants pour maintenir le réchauffement en dessous de 2°C. L’augmentation de température pourrait ici atteindre 2,7°C d'ici 2100.

  • Le SSP3-7.0 (Scénario de fragmentation régionale) :

Un scénario pessimiste où les États se concentrent sur leurs propres intérêts, avec des priorités environnementales faibles et peu de coopération internationale. Le réchauffement atteint environ 3,6°C d’ici 2100, avec des émissions de GES encore élevées à cause d'un usage accru des énergies fossiles.

  • Le SSP5-8.5 (Scénario de forte croissance basée sur les énergies fossiles) :

Le scénario le plus pessimiste. Il projette une croissance économique rapide basée sur les combustibles fossiles, avec peu d'efforts pour atténuer les émissions de GES. Le réchauffement global pourrait atteindre 4,4°C ou plus d'ici 2100, avec des impacts climatiques extrêmes.

Actuellement, nous semblons nous diriger vers un scénario proche du SSP2-4.5, dit de "continuité modérée" ou de "scénario intermédiaire", selon plusieurs analyses. Ce scénario reflète une situation où des efforts de réduction des émissions sont effectués, mais de manière insuffisante pour limiter le réchauffement à 1,5°C ou 2°C. Les politiques actuelles ne permettent pas d'atteindre les objectifs climatiques les plus ambitieux.

Ce dernier nous projette dans un avenir marqué par des changements géo-politiques profonds et une montée des tensions à plusieurs niveaux :

La gestion des ressources naturelles, comme l'eau et les terres cultivables, devient une question centrale, exacerbée par le changement climatique et l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes. Ces tensions peuvent notamment se manifester par une compétition accrue entre nations, en particulier dans les zones vulnérables comme le Moyen-Orient, l'Asie du Sud, et l'Afrique subsaharienne, où les populations doivent faire face à des sécheresses prolongées et à des pénuries alimentaires.

Les migrations climatiques pourraient être une autre conséquence majeure à laquelle les gouvernements devront répondre. Des millions de personnes vivant dans des régions côtières et des zones à risque de catastrophes naturelles sont alors forcées de quitter leur foyer, ce qui intensifie les crises migratoires, en particulier dans les régions déjà fragiles.

Du point de vue des inégalités internationales, le fossé entre les pays du Nord et du Sud pourrait se creuser davantage. Les pays les moins responsables des émissions historiques, principalement dans l’hémisphère sud, sont alors les premières victimes des répercussions climatiques. Ces tensions risquent, à terme, de compromettre la coopération mondiale pourtant nécessaire pour mettre en place des solutions globales efficaces.

Certains effets indirects du changement climatique, comme la compétition pour le contrôle des ressources dans l’Arctique, pourraient redessiner les alliances et favoriser l’émergence de nouvelles rivalités géopolitiques impliquant plusieurs grandes puissances (Russie, Chine, Canada, Etats-Unis par exemple).

Face à ces perspectives, la coopération internationale et la réalisation d’une transition énergétique apparaissent indispensables. A ce jour et malgré les données dont nous disposons, il reste très difficile de quantifier tous ces impacts et de prédire leurs conséquences directes ou indirectes, nous pouvons néanmoins dresser un bilan de la situation actuelle.

C’est tout l’objet de ce dossier qui entend, à travers une série de cartes thématiques, établir un état des lieux sur différents aspects – directement ou indirectement liés au réchauffement climatique et pouvant impacter la vie humaine.

Nous commencerons par dresser un comparatif des disparités de situation de l’ensemble des pays face au changement climatique (carte 1) puisque tous ne sont pas égaux. Pour ce faire, nous nous sommes basés sur un index qui prend en compte à la fois l’exposition du pays à des phénomènes climatiques extrêmes et sa capacité de résilience structurelle.

En complément nous ferons le lien entre pays émetteurs et l’indice de développement humain. (carte 2).

Ensuite, nous étudierons les prévisions liées à l'amplification de phénomènes extrêmes (qui constituent la conséquence directe des activités humaines), tels que la montée des eaux (carte 3), la désertification (carte 4), la fonte des glaces (carte 5), l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes (carte 6).

Enfin, sur le volet des actions menées, nous reviendrons sur la configuration internationale à travers les principaux accords visant à limiter le réchauffement climatique lié à l’Homme (carte 7). Pour se projeter à l’échelle française, nous avons également utilisé un outil de comparaison climatique. Il permet de visualiser, à moyen-terme, les projections climatiques dans certaines grandes villes du pays à horizon 2050 (carte 8).

Dans une démarche d’objectivité et pour éviter de réaliser une prospective trop optimiste ou à l’inverse catastrophiste nous nous sommes essentiellement basés sur les scénarios médians du proposés dans le dernier rapport du GIEC – entre le scénario de durabilité modérée SSP1-2.6 et le scénario de continuité SSP-4.5.

Face au changement climatique, une vulnérabilité à géométrie variable

Le ND-Gain Country Index (Notre Dame Global Adaptation Initiative Country Index) évalue la capacité d’adaptation des pays face au changement climatique. Ce classement repose sur deux dimensions principales : la vulnérabilité et la préparation.

Le critère de vulnérabilité résulte d’une combinaison du degré d'exposition, de sensibilité et la capacité d'adaptation d'un pays face aux changements climatiques. Il s’agit de l’accès à l'alimentation, à l’eau, à la santé ainsi que des capacités de résilience des écosystèmes du pays concerné.

Quant au critère de la préparation, on quantifie la capacité d’un pays à mettre en œuvre des mesures et des politiques pour atténuer les risques climatiques. Il s’agit de mesurer sa préparation économique, sociale et institutionnelle.

Cette carte témoigne des disparités de situation face au changement climatique, particulièrement marqué entre le Nord et le Sud. L’Afrique centrale, l'Afrique sub-saharienne et l’Asie du Sud-Est figurent parmi les régions les plus vulnérables car très exposées à des phénomènes climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, montée des océans), et disposant d’une capacité d'adaptation faible – modérée pour prévenir des ces changements à venir. A l’inverse, on constate que certains pays comme la Norvège, moins exposée à des phénomènes extrêmes, ou l’Australie, très exposée aux changements à venir, mais disposant d’une forte capacité de résilience, sont de facto moins vulnérables.

Les pays développés principaux émetteurs de gaz à effet de serre (GES)

Malgré l’accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter dans le monde. Après une légère baisse en 2020 due aux conséquences de la pandémie de Covid-19, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) sont reparties à la hausse. D’après le site d’information francophone Toute l'Europe “En 2022, elles ont ainsi atteint 57,4 gigatonnes en équivalent CO2 (GtCO2e), contre 54,5 en 2020 selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). De plus, ces émissions de GES ont augmenté de 62 % entre 1990 et 2022.”

A l’étude des chiffres fournis par l’organisation scientifique internationale Global Carbon Project, on constate que les 3 pays + UE rejetant le plus de GES sont (dans l’ordre qui suit) la Chine (29 % des émissions mondiales), devant les États-Unis (11 %), l'Inde (7,3 %) et l'Union européenne (6,9 %).

Nous avons voulu comparer ces chiffres avec les niveaux de développement des pays, via l’indice de développement humain. On observe une corrélation immédiate entre niveau de développement et quantité de GES émis par un pays. En effet, on constate que, à l’exception de l’Inde, les pays ayant un IDH élevé (entre 0,73 et 1) sont ceux qui émettent le plus de GES.

Les pays développés émettent plus de GES en raison de leur industrialisation, de leur consommation élevée d'énergie et de leur utilisation de technologies plus avancées qui reposent principalement sur des combustibles fossiles. A l’inverse, les pays en développement, qui ont des économies souvent basées sur l'agriculture et un accès limité aux infrastructures énergétiques, émettent moins de GES.

Cependant, il faut observer et replacer ces chiffres dans une tendance globale qui semble s’inverser progressivement.

D’après le ministère français de la transition écologique, “Entre 1990 et 2021, les émissions mondiales de GES ont progressé de 58 % (soit + 19,3 Gt CO2 éq). Sur cette période, les plus gros contributeurs à cette hausse sont la Chine (+ 280 %, soit + 11,2 Gt CO2 éq), l'Inde (+ 170 %, soit + 2,4 Gt CO2 éq) et la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (+ 163 %, soit + 2,9 Gt CO2 éq). Sur la même période, les émissions des États-Unis ont amorcé une décrue (- 6,3 %) et la baisse est encore plus marquée pour l'Union européenne (- 27,2 %) et pour la France (- 22,8 %).”

Ces dynamiques montrent que le niveau de développement économique influence directement les émissions de GES. Elles mettent également en avant toute la complexité quant à la mise en œuvre d'une transition énergétique pérenne. Une transition qui implique de lourds efforts de réduction des émissions pour des pays en plein développement.

Ces efforts sont difficilement acceptable alors que ces derniers subissent déjà les conséquences climatiques des émissions historiques dont les pays développés sont majoritairement responsables.

La montée des eaux à l’Horizon 2100 (Scénario SSP-2. 4.5)

Comme évoqué en introduction du dossier, le dernier rapport du GIEC de 2023 (AR6) prévoit cinq Shared Socioeconomic Pathways (SPP).

Nous avons fait le choix de prendre un scénario intermédiaire qui représente la trajectoire climatique actuelle et le futur le plus crédible avec les données scientifiques dont nous disposons actuellement. Ce scénario prévoit un réchauffement global qui se situe entre +2,5 °C et 3°C. Dans ce scénario SSP-2 4.5, la montée des eaux globale estimée varie selon les projections et est estimée entre +0,50 centimètre +1 mètre par rapport aux niveaux moyens enregistrés sur la période 1995-2014.

Ainsi, en nous appuyant sur l’outil Coastal Risk Screening Tool, nous avons pu réaliser une simulation permettant de représenter les terres immergées à l’échelle du monde dans l’hypothèse d’une montée du niveau des mers et océans de +1 mètre à l’horizon 2100 (fourchette haute).

On constate qu'à l'échelle globale certains littoraux pourraient être très fortement impactés. Certaines régions côtières comme le delta du Gange (Asie du Sud-Est), l’estuaire de l’Amazone (Brésil), ou encore le nord de l’Europe occidentale pourraient être en partie voire totalement immergées. A noter qu’en Asie du Sud-est les prédictions sont plus pessimistes qu'à l'échelle globale et qu’en certains endroits (toujours selon la trajectoire actuelle), la hausse pourrait atteindre jusqu'à 1 mètre 50. L’Afrique de l’Ouest et l’Amérique centrale figurent également parmi les régions dont les littoraux seraient particulièrement impactés.

Cette carte ne prend pas en compte les disparités à plus grande échelle. Dans une même région les conséquences pourraient être très variables entre plusieurs pays selon sur une multitudes de facteurs (capacité infrastructurelle, type de climat, situation politico-économique). Les conséquences à l’échelle d’un pays – entre différentes villes, pourraient également être très variables, selon la situation géographique, les types de sols, les types d’aménagements urbains etc.

La croissance démographique mondiale au défi de la dégradation des sols

La population mondiale prévue d'ici 2050 pourrait atteindre environ 9,6 milliards de personnes selon les projections des Nations Unies, ce qui pose de nombreux défis, notamment en matière de sécurité alimentaire, de gestion des ressources naturelles et de dégradation des sols.

La très forte augmentation de population s'accompagne nécessairement d’une demande alimentaire croissante, notamment en Afrique et en Asie. Pour répondre à cette demande, il sera nécessaire d'augmenter la production agricole.

Cependant, la dégradation des sols — due à l'érosion, aux sécheresses, à la salinisation et à la perte de biodiversité — limite la capacité de la terre à produire des rendements suffisants et pérennes. Une étude de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que la production alimentaire mondiale doit augmenter de 70% d'ici 2050 pour subvenir aux besoins d’une population croissante.

Cette carte souligne les différents niveaux de détérioration des sols à l’horizon 2050 et met en avant les régions concernés comme l’Amérique centrale, l’Asie centrale.

Cependant la dégradation des sols sera la plus impactante là où les enjeux alimentaires sont et seront les plus forts, notamment en Asie du Sud-Est, dans le golfe de Thaïlande, en Chine, en Inde, au Pakistan et en Indonésie. Des régions ou les concentrations de population vont fortement s'accroître. Le cas de l’Afrique de l’Ouest est aussi très préoccupant. On pense au Nigéria dont la population avoisinera les 400 millions d’habitants en 2050 sera lui aussi très exposé.

En somme, les enjeux liés à la croissance démographique et à la dégradation des sols nécessitent une approche intégrée qui inclut des pratiques agricoles durables, une gestion efficace des ressources naturelles, et des politiques visant à atténuer les impacts du changement climatique. La mise en œuvre de solutions telles que l'agroécologie, la restauration des sols et une gestion durable de l'eau sont cruciales pour faire face à ces défis complexes à l'horizon 2050.

La fonte des glaces en Arctique et Antarctique. (comparaison 1980-2024)

La fonte des glaces aux pôles de notre planète est révélatrice du réchauffement global du climat. La région arctique se réchauffe particulièrement vite, environ deux à trois fois plus vite que la moyenne mondiale, un phénomène connu sous le nom d'amplification polaire.

En effet, dans un système climatique en équilibre, la chaleur accumulée dans les zones tropicales est redistribuée vers les pôles via un transfert par voies atmosphérique et océanique. Aux pôles, la couverture glaciaire (caractéristique de ces régions) compense cet apport de chaleur grâce au pouvoir réfléchissant de la glace et de la neige (ou albédo) qui renvoie en effet 80% du rayonnement solaire incident vers l’espace. Ainsi, ces zones de haute latitude absorbent la chaleur tropicale et peu de rayonnement solaire, donc de chaleur en provenance du soleil.

Or, dans un climat qui se réchauffe, les transports de chaleur depuis les tropiques sont augmentés. En parallèle, les glaces et autres composantes de la cryosphère disparaissent, ce qui réduit leur albédo. L’absorption accrue de rayonnement solaire qui en résulte par les couches de la basse atmosphère et par l’océan conduit à une accentuation de l’échauffement, qui va lui-même intensifier la fonte des glaces, diminuant encore leur albédo, et ainsi de suite. Ce système en boucle – dit de rétroaction positive – aboutit à une amplification du réchauffement climatique.

Depuis les années 1980, la surface de la banquise arctique a diminué de plus de 40 %, entraînant des changements écologiques et économiques, comme l’ouverture de nouvelles voies maritimes et le bouleversement de nombreux écosystèmes marins et terrestres. Contrairement à l'Arctique, la perte de glace en Antarctique se concentre principalement sur les plateformes glaciaires qui entourent le continent.

Cette fonte accélérée des glaces aux pôles fait peser trois risques climatiques : l’élévation du niveau de la mer, augmentant les risques pour les zones côtières, la modification des courants océaniques qui affectent le climat global, et enfin l’impact sur la biodiversité et les écosystèmes polaires (d’après la World Wildlife Foundation, plus de 21 000 espèces sont aujourd’hui menacées de disparition rien qu’en Arctique).

A noter que cette fonte des glaces aux pôles s’inscrit dans une dynamique de fonte plus générale de tous les glaciers mondiaux. Sylvain Coutterand revient, dans son excellent ouvrage “l’Atlas des glaciers disparus” sur la formation de glaciers dans les Alpes notamment, et sur leur rôle indispensable (eau douce, régulation du climat,stabilisation des écosystèmes.)

Cyclones, Ouragans, Typhons : Une amplification de la menace ?

Le rapport du GIEC souligne le lien entre réchauffement climatique et regain d'intensité/fréquence de certains phénomènes météorologiques extrêmes tels que les ouragans, typhons et cyclones tropicaux.

Le rapport indique que la fréquence globale des “phénomènes cycloniques” pourrait rester stable voire diminuer légèrement. En revanche, c’est leur intensité qui risque d’augmenter, avec davantage d’ouragans, cyclones et typhons qui atteindraient les catégories de force 4 et 5, 5 étant le niveau maximal, selon la classification de Saffir-Simpson.

En catégorie 4 (vents de 209 à 251 km/h), les dégâts sont extrêmes. Les toitures de maisons bien construites peuvent être détruites, de nombreux arbres déracinés, et les coupures de courant sont fréquentes. En catégorie 5 (vents supérieurs à 252 km/h), les dégâts sont catastrophiques. Un grand nombre de bâtiments résidentiels sont détruits, les infrastructures sont gravement endommagées et les régions concernées peuvent être rendues inhabitables pendant de longues périodes.

Ces cyclones et typhons transportent de plus en plus d’humidité en raison de l’augmentation des températures des océans, ce qui risque d'entraîner une augmentation des précipitations associées à ces tempêtes, et in fine à des inondations majeures dans les régions touchées.

L’Atlantique Nord, l’Ouest du Pacifique et l’Asie du Sud-Est seront les régions les plus touchées par la recrudescence de ces phénomènes avec des conséquences variables selon des paramètres géographiques ou les capacités structurelles des territoires. Ces phénomènes vont se cumuler, notamment en Asie, à la montée des eaux, ce qui impose dès aujourd’hui la réflexion et la mise en œuvre de politiques de résilience durables.

Quel avenir pour la gouvernance mondiale sur les questions climatiques ?

Face à ces constats et à ses prévisions scientifiques alarmistes, il convient de s’interroger sur les réponses politiques globales apportées.

En 1995, la première convention sur le climat (COP) se tient à Berlin. Elle détermine pour chaque pays ou régions du monde, des objectifs chiffrés en matière d’émission de gaz à effet de serre. Elle fixe également les moyens utilisés pour parvenir à la réalisation de ces objectifs. Revenons sur trois dates importantes qui ont marqué des tournants de l’histoire de la gouvernance climatique mondiale.

En 1997, la COP 3 se déroule à Kyoto. Pour la première fois, un protocole contraignant visant à encadrer les émissions de CO2 de plus d’une centaine de pays est élaboré. “Les objectifs sont chiffrés : réduire de 5,2% les émissions de gaz à effet de serre planétaires d’ici 2020 en se servant de l’année 1990 comme référence. Pour l’Union européenne, cet objectif se traduit par une baisse totale de ses émissions de 8%.” A cette occasion, des mécanismes de flexibilité sont également mis en place pour laisser une certaine marge de manœuvre quant aux moyens déployés par les États pour atteindre leurs objectifs.

Les Accords de Doha, qui résultent de la COP18 à Doha, au Qatar, en 2012, constituent un amendement au Protocole de Kyoto, prolongeant son cadre après 2012. Cet amendement vise à poursuivre les engagements de réduction des émissions pour une deuxième période d'engagement (2013-2020), avec des objectifs de réduction plus ambitieux pour les pays développés. Le texte incite notamment les pays à viser une réduction de 18 % des émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990. Cependant, une première facture apparaît dans la recherche de législations globales puisque de grands pays émetteurs, comme la Russie, le Japon et le Canada décident de ne pas participer à cette seconde période d’engagement.

Enfin, le dernier tournant majeur se produit lors de la conférence de Paris, en 2015. La conférence permet de conclure un accord historique qui vient remplacer le prolongement du protocole de Kyoto. Celui-ci entérine que la communauté internationale fera tout son possible pour contenir le réchauffement climatique bien en dessous de +2°C, voire de le limiter à +1,5°C. Pour atteindre cet objectif très ambitieux, tous les États se sont engagés à publier leurs propres objectifs de réductions des émissions de gaz à effet de serre (aujourd’hui accessibles sur le site des Nations unies).

Dans les faits, selon le 6ᵉ rapport d'évaluation du GIEC (AR6), nous nous trouvons actuellement sur une trajectoire qui pourrait entraîner un réchauffement global de 2,2 °C à 3,2 °C d'ici 2100. Ce scénario correspond à la catégorie des "politiques actuelles", c'est-à-dire que les engagements et les politiques en vigueur aujourd'hui ne suffisent pas pour atteindre l'objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C.

De nombreux éléments mettent à mal la mise en œuvre d’objectifs climatiques globaux ambitieux : les intérêts économiques et la dépendance aux énergies fossiles, les inégalités nord-sud, les tensions géopolitique et la logique de compétition entre Chine et Etats-Unis notamment, le manque de volonté politique mais également l’absence de caractère contraignant des mesures.

Quelles échéances pour la gouvernance climatique ?

Le principal enjeux de COP 29 qui se tient dans un mois à Baku en Azerbaïdjan (du 11 au 22 novembre 2024) devrait porter sur la définition d’un nouvel objectif mondial de financement de la lutte contre le réchauffement climatique. Dans le cadre des inégalités nord-sud, les pays en développement et les pays émergents demandent davantage de financement climatique pour parvenir à réduire leurs émissions tout en assurant leur développement économique. Ces derniers considèrent que les pays industrialisés, historiquement responsables de la majorité des émissions, doivent fournir plus d’aides financières pour les aider à s’adapter et à atténuer les impacts climatiques.

Par ailleurs, tous les pays signataires de l’accord de Paris doivent soumettre une nouvelle série de Contributions Déterminées au niveau National (CDN) d'ici 2025, en tenant compte des objectifs de réduction des émissions pour 2030. Une révision qui sera cruciale pour se projeter en vue de limiter le réchauffement à 1,5 ou 2 °C.

Enfin, d'ici 2030, la plupart des pays doivent avoir atteint un pic de leurs émissions, en particulier les plus grands émetteurs. Le "Net Zero" (zéro émission nette) est prévu par de nombreux pays pour 2050, bien que certains, comme la Chine, aient des objectifs plus tardifs (2060).

Quel climat pour les grandes villes françaises à l' horizon 2050 ?

Afin de réaliser une projection climatique pour certains grandes villes françaises à horizon 2050 nous avons utilisé l’outil Climate Change Explorer. Ce dernier permet de mesurer en fonction de différents scénarios les évolutions climatiques entre différentes villes partout sur le globe.

Cette simulation repose sur deux variables volontairement retenues.

Une première, le scénario climatique, basé sur la trajectoire que nous empruntons actuellement. Ce scénario tendanciel se trouve entre le SPP2 et le SSP3, soit un réchauffement global compris entre 2,5 et 3 degrés.

Et une seconde variable, la période. Pour permettre une projection à court terme et qui soit envisageable, nous avons retenu la période 2040-2060.

Ainsi, l’outil climate change explorer permet de visualiser le climat futur d’une ville en le comparant avec le climat actuel d’une autre ville (moyenne des températures enregistrées sur 3 décennies (1970-2000).

On observe que des villes comme Lille et Paris enregistrent des hausses de température importantes, se rapprochant de villes au climat méditerrannéen. D’autres, comme Marseille ou Bordeaux, voient également leur température croître (avoisinant les 30 degrés de moyenne en été) et dont les conditions météorologiques annuelles sont très similaires à des villes comme, respectivement, Alger et Beyrouth.
Clément Alberni