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Série cartographique : l'Asie centrale

Afin d'accompagner la sortie de l'épisode du Dazibao (le podcast qui vulgarise la recherche en sciences politique) au cours duquel B. Lambert explique ses recherches sur la géopolitique du cyberespace centrasiatique, AB Pictoris a réalisé une série cartographique afin d'apporter davantage de contexte à ses propos.

En effet, l'Asie centrale est une région (trop) méconnue, dont les enjeux géopolitiques sont pourtant très importants. Malgré l'enclavement de la région centre-asiatique, le positionnement géographique de cette dernière est particulièrement stratégique : la stabilité et la sécurisation de l'Asie centrale sont des éléments-clés de la sécurité de l'espace eurasiatique. Avoisinant l'Afghanistan, la région a été un avant-poste important pour l'URSS lors de son invasion de l'État afghan en 1979, mais également pour la force internationale de défense et de sécurité (ISAF) et pour les forces intervenant dans le cadre de l'opération Enduring Freedom en Afghanistan.
Ce positionnement géographique confère également à l'Asie centrale un rôle déterminant pour la sécurité de la Fédération russe et pour celle de l'État chinois, poussant ces deux "grands" voisins à ancrer leur présence et leur influence au sein de ce vaste espace, très riche en ressources naturelles et en hydrocarbures. Moscou et Pékin sont d'ailleurs les acteurs principaux de la sécurité centrasiatique, respectivement avec l'OTSC (dont le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan sont membres) et l'OCS (dont le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan sont membres). Ils y possèdent également des bases militaires, et organisent dans le cadre de leurs alliances sécuritaires des exercices conjoints avec les États centrasiatiques.

La région, intégrée au sein de l'Empire russe entre le XVIIIe et la fin du XIXe siècle, possède encore des liens très étroits avec la Russie. En effet, les différents héritages administratifs, structurels et culturels de l'Empire puis de l'Union soviétique ont placé Moscou comme le partenaire naturel des cinq nouvelles républiques centrasiatiques. L'héritage le plus important est sûrement celui des frontières de ces dernières : l'Empire russe, puis l'URSS ont procédé à de nombreux découpages administratifs, sans réelle prise en compte des réalités ethniques, et dans le but de ne pas faire émerger de conscience nationale. Aujourd'hui, ces frontières posent encore problème : les tensions entre Ouzbeks, Tadjiks et Kirghizes au sein de la vallée de Ferghana ont plusieurs fois donné lieu à des conflits armés ( fin 2022, le Kirghizistan et le Tadjikistan se sont encore affrontés à cause de questions relatives à la gestion de l'eau et des pâturages).

La Chine compte également ancrer son influence dans cette région, qui représente une ceinture logistique importante, mais aussi un moyen d'éradiquer les "trois fléaux" (extrémisme, séparatisme, terrorisme) qu'elle pense combattre au Xinjiang. Pour Pékin, la sécurité d'un espace est engendrée par son développement économique. Ce n'est donc pas un hasard si l'annonce du projet d'envergure mondiale des Nouvelles routes de la Soie (projet BRI) a été annoncé en 2013 à Astana au Kazakhstan. Par ailleurs, ce projet a beau représenter une grande opportunité de désenclavement pour la région, il s'avère également se transformer en un "piège de la dette" pour les économies les plus fragiles de la région (Tadjikistan, Kirghizistan dans une moindre mesure). Pékin est devenu un acteur incontournable en Asie centrale, tant dans son développement économique que dans sa sécurisation, et concurrence désormais directement la Russie, pourtant souvent perçue comme le partenaire "essentiel" des républiques centrasiatiques.

Ce tableau géopolitique maintenant dressé, si cela vous intéresse de savoir comment les États centrasiatiques projettent leur (re)construction nationale et leur stratégie de désenclavement dans le cyberespace, n'hésitez pas à aller écouter l'épisode du Dazibao sur le sujet, c'est par ici !
Blanche Lambert
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